Et nous avons dit commun…

Les communs une notion révolutionnaire et libertaire à la croisée du droit, de l’économie et de la philosophie politique

À l’heure des grands effondrements, des méga-feux, des guerres qui refusent d’avouer l’inavouable, du climat qui s’emballe, des politiciens sans idées sans ambitions autres que celles qui adoubent leurs richesses, penser le commun devient une urgence majeure salutaire, et sans nul doute la seule issue possible pour notre survie.

Il nous faut donc pour comprendre cette volonté politique économique et philosophique élargir notre champ de penser, pousser les mûrs qui nous oppressent, tenter de vivre ce que au fond nous n’avons encore jamais vécu, comprendre intrinsèquement ce que ce mot exprime de plus noble, de plus profond et décidément de plus efficace et créatif « Commun » en tant que nom singulier et sans article est le principe au fondement des communs, des biens communs, des choses communes, du commun. Il rassemble toutes les occurrences du terme, pour en tirer une cohérence et une clarté qui passe par l’action politique commune.

Il cherche l’autogouvernement et la démocratie radicale.

Le commun s’oppose au néolibéralisme qui vise à étendre les principes de concurrence et de propriété à toutes les sphères du social.

La destination du commun doit échapper à la logique de la propriété exclusive, parce que “commun” est un principe politique, une nouvelle manière de lutter contre les formes d’appropriation exclusive des ressources, des espaces etc.

On peut dire que défendre les communs ou le commun ou encore le bien commun c’est chercher à défendre et promouvoir les bienfaits de la gestion collective d’une ressource quelle qu’elle soit, une rivière, une forêt, un pâturage, le climat, internet, les océans etc.

Il va de soit qu’il faut penser l’inappropriable pour penser le commun.

Les communs ne sont pas des “biens” particuliers, mais également des systèmes de règles pour les actions collectives. Ce qui est alors ouvert au partage n’est pas seulement une ressource laissée à l’abandon ouverte à toutes et à tous sans restriction, mais bien un agencement social particulier. En conséquence, la préservation de la ressource passe par la prise de conscience des interactions sociales qui permettent ce partage. C’est un principe qui doit animer ce que serait une démocratie radicale organisée contre toutes les dominations.

Il ne faut donc plus penser les choses et les êtres vivants comme des entités isolées mais toujours en commune relation. Il ne doit plus y avoir une propriété absolue et exclusive, mais plutôt relative et partielle qui soit au service des valeurs considérées comme essentielles dans le cadre d’une organisation commune faite d’interactions indépendantes.

Un commun n’appartient à personne et chacun s’oblige envers les autres de le préserver pour que l’usage en commun puisse perdurer. Il est donc nécessaire de fonder de nouvelles institutions qui seront fédératives et reposeront sur l’obligation réciproque entre les communautés, sans que l’une d’elles soient subordonnées à une autre. Le fédéralisme est donc la forme politique la plus cohérente avec le principe de commun.

La théorie des communs est avant tout une formidable leçon d’optimisme, de confiance dans les capacités humaines, de valorisation de la débrouillardise et d’admiration devant les agencements improbables que l’humanité sait mettre en œuvre. Notre plus bel hommage sera de continuer à défendre les communs, naturels et numériques, globaux ou locaux, de faire en sorte que chacune et chacun se sente investi d’une responsabilité sur la protection de ce que l’humanité veut proposer en partage, par choix ou par nécessité. Au premier titre évidemment, la défense de notre planète commune. [anna]

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