Error 404 – Paysann.e not found

« Numérique, robotique, génétique » : tels sont les piliers de la « troisième révolution agricole » évoquée par Emmanuel Macron par le biais du plan de relance France 2030.

Dans ce registre, il n’est pas nécessaire d’attendre un futur lointain, que ce soit dans les « fermes » hi-tech ou dans les usines de production « alimentaire » avec presque plus de paysan-nes dans les premières et plus du tout dans les secondes.

Les « fermes » hi-tech, toujours plus grosses, car elles absorbent les fermes voisines, font baisser le nombre d’agriculteurs sur le territoire. Si la ferme en France est en moyenne de 136 ha, certaines d’entre elles sont souvent détenues par des sociétés à capitaux, quelquefois étrangers, et peuvent atteindre plusieurs milliers d’hectares.

Dans ce contexte où le profit doit être maximum, la main d’œuvre est le point noir qu’il faut absolument limiter. Il n’est pas rare d’y voir des tracteurs pilotés sans chauffeur, grâce à l’association de cartes parcellaires et de GPS de haute précision. (Ainsi nous comprenons bien que les haies ne soient pas les bienvenues et que la taille de la parcelle ait son importance!). À l’aide d’images satellitaires et de drones qui permettent de repérer les couleurs des végétaux en besoin d’azote ce tracteur automatique épandra le dosage nécessaire pour combler de manque.

Et que fait « l’agri-manager » pendant ce temps là ? : il suit sur son ordinateur les cours de la bourse des céréales pour vendre ses stocks au plus haut prix. Il y suit aussi son dossier PAC (Politique agricole commune), l’Europe favorisant ce modèle agricole par le biais de subventions à l’hectare, lui assurant dans certains cas l’essentiel de ses revenus !

Et pour compléter la trilogie, prenons par exemple la variété de colza utilisée qui n’est pas un OGM, interdit en France (smile), mais issue de la mutagenèse ce qui la rend résistante au Roundup et permet de pulvériser la dose maximum d’herbicide. Ce colza résistant à l’herbicide (VRTH), mais aussi hybride stérile, rend l’agriculteur dépendant de la firme semencière qui du coup lui fournit le pack complet. Macron aurait pu rajouter « médicale » à la trilogie car ce sont les même firmes qui fournissent les pesticides mais aussi les médicaments pour tenter de soigner les cancers qu’ils causent par ailleurs.

Avec les usines de production « alimentaire », nous sommes au sommet du futurisme macronien, qu’entrevoyait déjà le film Soleil vert sorti en 1973, et l’on peut sans peine imaginer que ce second modèle va tout faire pour supplanter le premier, même hi-tech. Il s’agit ni plus ni moins de se passer du soleil, du climat et de ses affres, du sol, des fermes et de ses paysan-nes : tout devient contrôlable. L’idéal capitaliste !

Surfant sur la notion de souffrance animale (notion bien réelle pour ce qui concerne les élevages industriels, à nuancer de mon point de vue pour les élevages fermiers… Peut être faudrait-il y consacrer un autre article ?), l’agro-industrie et ses lobbys nous proposent déjà de la viande de synthèse produite à partir de cellules souches. Donc de la « vraie » viande, sans animaux, ni paysan-nes bien sûr.

Quant aux végétaux, on « déguste » déjà depuis quelques années les fraises magnifiques, proposées tout l’hiver, cultivées en hydroponie, c’est à dire dans un bloc de laine de roche alimenté d’engrais chimique avec l’eau d’arrosage, installé dans une serre chauffée au gaz et avec une bonne dose de lumière artificielle pour faire croire au printemps. Le robot cueilleur qui vient de sortir cet hiver met les fraises en barquettes (en bois, bien sûr !). La boucle est bouclée, les travailleurs ramasseurs marocains peuvent rester chez eux .

Et le summum, c’est le projet pilote Futura Gaïa (https://futuragaia.com) installé tout près de chez nous dans le Gard, à Rodilhan. Onze million d’euros d’investissements, dont des fonds issus du plan Macron France 2030, de la Région Occitanie et de notre « banque verte » le Crédit Agricole. Des hangars seront livrés clefs en main pour la culture urbaine, au fond d’un hypermarché ou à Rungis, assistance à distance, pilotable depuis un bureau à Paris.

On y cultive salades, plantes aromatiques et bientôt des tomates. Hangars stériles, tenues de chirurgiens, les végétaux poussent dans des cylindres métalliques qui tournent en permanence, lumière 100% artificielle, CO2 adapté à chaque plante, de même que l’alimentation chimique, une mini motte pour ne pas faire penser à du hors sol total, pas de traitement car tout est aseptisé. Voilà la « ferme 3.0 ». Pour un vaisseau spatial pour Mars peut être, mais pour la salade quotidienne ça ne fait pas rêver !

Pas rêver ? Mais si !! car la com est là, copiée sur le discours de « l’ultra-gauche » paysanne cévenole : « Proposer des produits sains, à haute valeur nutritive et à la traçabilité garantie, éviter le gaspillage et garantir des prix abordables et stables toute l’année, produire en local et sans chimie pour un impact environnemental limité ». Une première action contre Futura Gaïa a eu lieu le 15 avril à l’appel de la Confédération paysanne, de Terres Vivantes en Cévennes, d’Attac et d’autres organisations

Vigilance ! L’avenir que certains nous préparent est de moins en moins radieux. L’État et l’Europe font tout pour maintenir l’agriculture paysanne ou biologique dans sa niche, subventionnant massivement des pratiques mortifères, valorisant le capital, alors que cette agriculture paysanne est la seule à même de relever les défis à venir et de maintenir les gens dans les campagnes avec de nombreux-ses paysan-nes.

[Hervé]

This entry was posted in General. Bookmark the permalink.