ÉTÉ CATASTROPHE, que font nos gouvernements ?

Nous, habitant.es de la France, avons subi de plein fouet, cet été 2022, les conséquences des désastres climatiques. Qui n’a pas souffert de la canicule, des feux de forêt, de la sécheresse ? Qui n’a pas assisté.e, impuissant.e, à la désolation des sols jaunis, de la terre devenue béton, des rivières sans plus une goutte d’eau, des glaciers qui s’effondrent dans nos vallées ?

Rappelons-nous, le président Jacques Chirac, avertissait le monde entier en 2002 à Johannesburg lors du sommet de la terre « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Il n’a rien fait pour arrêter ce feu, ni lui ni aucun autre président qui lui a succédé.

Et pourtant, chaque année, des hauts fonctionnaires, experts, conseillers ainsi que des acteurs de la société civile des 180 États de la planète se penchent sur ce problème lors des conférences onusiennes pour le climat, les COP. Ce sont deux semaines de travail intense pour trouver des solutions, « acceptables par tous », c’est à dire des solutions confortables encore plus désastreuses pour le dérèglement climatique.

De plus, le groupe des experts du climat – GIEC – fournit des rapports suffisamment documentés qui permettraient de prendre les décisions appropriées. Sont-ils mis à contribution par pure démagogie ?

Alors :

> Pourquoi aucune décision efficace n’a-t-elle été prise depuis 20 ans ?

> Pourquoi les engagements ou les propositions des responsables politiques n’ont-ils pas pesé dans les négociations, ils auraient montré ainsi une réelle volonté d’agir pour au moins atténuer les conséquences dramatiques du dérèglement climatique ?

> Pourquoi, le président Macron a-t-il mis en place une convention citoyenne pour le climat ? Pourquoi avoir promis à ses membres de mettre en œuvre ou de soumettre à référendum toutes leurs propositions ? Pourquoi n’avoir retenu, au final, que 10% de leurs propositions ?

> Alors que le Conseil d’État a condamné l’État français pour inaction climatique le 14 octobre 2021 et l’a enjoint à prendre les mesures nécessaires, pourquoi le gouvernement a-t-il jugé que ses mesures déjà prévues étaient suffisantes ?

> La détresse est générale dans notre pays face aux feux de forêt tout azimut, alors pourquoi le gouvernement n’annonce t-il que des mesures de réparations, certes nécessaires, mais totalement insuffisantes ? Pourquoi ne pas réfléchir à une autre gestion de la forêt en France ?

> Pourquoi ne pas condamner les véritables criminels climatiques que sont les multinationales des énergies fossiles ? Cette utilisation massive des énergies fossiles dans les transports, les bâtiments et l’agriculture est bien la cause des émissions excessive de gaz à effet de serre

Une colère immense gronde en nous

Les choix de nos gouvernants sont dictés par les lobbies des multinationales. Ils sont porteurs de valeurs destructrices, celles de croissance et de progrès héritées des Modernes. Les seules recommandations que nous dictent nos gouvernants … sont des injonctions à favoriser les petits gestes et inciter à la responsabilité individuelle telles que La clim porte ouverte, ce n’est plus acceptable. débrancher un maximum de prises électriques et couper le wifi durant les vacances, injonction ne mettant absolument pas en cause le gaspillage insensé des véritables responsables .

Ce ne sont ni ce gouvernement, ni ce système libéral qui l’inspire qui ont les compétences indispensables aux décisions fondamentales qui nous permettraient, à nous vivants et non vivants, de pouvoir continuer à habiter cette terre.

Allons un peu plus loin sur l’évolution de la situation en matière climatique depuis quelques décennies.

Pourquoi les COP ?

Mises en place en 1994, après le sommet de la terre de 1992, les COP se sont organisées chaque année dans un pays différent, alternativement un pays du nord et un pays du sud. Elles rassemblent les représentants de 195 États, ainsi que les acteurs de la société civile : organisations non gouvernementales (ONG), collectivités territoriales, syndicats, entreprises, etc… Ces COP ont pour objectif de prendre des engagements en faveur du climat et de les faire appliquer. Ils étaient 30 000 présents à la COP 26 à Glasgow en 2021.

Il y avait eu un petit espoir après l’accord sur le protocole de Kyoto en 1997. Celui-ci visait à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ratifié en 2009 par 184 États, il a volé en éclats à la COP de Copenhague dès la fin 2009 quand il a été question de prendre des engagements. Les États du sud et insulaires, constitués en “groupe des 77”, déjà fortement victimes du dérèglement climatique, exigeaient que TOUS les États s’engagent à y remédier. Malgré leur pression, l’accord de Copenhague est resté en dessous de tous les espoirs, La Chine et les États-Unis s’opposant notamment à la mise en place d’un accord contraignant (un accord contraignant entraîne des sanctions pour les États ne le mettant pas en œuvre).

Cette attitude des États du nord s’est renouvelée en 2015 (COP 21 à Paris) pour un nouvel accord. L’accord de Paris fixe un objectif chiffré pour l’augmentation de la température moyenne à l’échelle de la fin du siècle, 1,5°C, mais sans aucune réglementation contraignante, aucun interdit.

Comble de l’indécence, la COP 27 de cette année 2022, est prévue en Égypte, un pays désertique doté de stations de ski indoor avec de la fausse neige et de vrais pingouins. Ces projets sont gérés par une société basée à Dubaï dotée de 1,2 milliards $ de fonds verts pour son engagement à réduire ses consommations d’eau et d’électricité dans ses centres commerciaux.

Voilà une très rapide histoire des COP. Ces conférences déplacent plusieurs dizaines de milliers de personnes venues, en avion, de tous les pays du monde pour discuter pendant 15 jours et n’aboutir à rien de réellement efficace.

Autre structure mise en place dans la lutte contre le dérèglement climatique, le GIEC

Créé en 1988 à la demande du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Japon, Italie et Royaume-Uni) sous la pression de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, le GIEC, groupe international des experts pour le climat, a été constitué pour produire régulièrement une évaluation scientifique et technique exhaustive du changement climatique. Six rapports ont été publiés depuis 1990, de plus en plus alarmants.

Pourquoi ne sont-ils pas écoutés ?

Le dernier, d’avril 2022, se faisait un cran plus alarmiste. Ce rapport lance un avertissement très sérieux sur les conséquences de l’inaction politique. Plusieurs chercheurs le disent “Le changement climatique menace de plus en plus la santé et les moyens de subsistance des populations du monde entier, et entraîne des impacts sévères potentiellement irréversibles sur la nature. une insécurité alimentaire et hydrique aiguë, pour des millions de personnes et les populations à faible revenu». Face aux effets irrémédiables et à un manque évident de volonté politique pour les atténuer, certains scientifiques du GIEC se positionnent clairement : “Le changement climatique est un défi mondial qui exige des solutions locales. Le rapport souligne les changements de mode de vie qui seront nécessaires, notamment dans les pays riches et parmi les personnes aisées au niveau mondial. S’abstenir de surchauffer ou de trop climatiser les habitations, marcher et faire du vélo, réduire les voyages en avion et utiliser moins d’appareils énergivores, les habitudes alimentaires dans de nombreuses régions riches du monde devront également baisser leurs consommations excessives de viande et de poissons “1

Comment en est-on arrivé là ?

Les alertes sont extrêmement sérieuses, appuyées par une multitude de données chiffrées, mais cette connaissance ne se traduit pas en décisions et réglementations contraignantes pour bloquer cette machine destructrice

Les responsables politiques sont dans ce domaine, comme dans bien d’autres, incapables de prendre les décisions appropriées, pourquoi ?

Car ils y ont des intérêts : les responsables du dérèglement climatique, ceux qui produisent les gaz à effet de serre, sont les entreprises multinationales “maîtres du monde”, à commencer par celles de l’énergie, mais aussi celles de la chimie, de l’agro-industrie, du numérique2 … toutes, des entreprises “protégées” par les responsables politiques : en effet, ces derniers encouragent le développement de ces sociétés pour assurer la sacro-sainte croissance et la croyance mythique dans le progrès. Tous ces responsables y ont déjà occupé un poste ou attendent d’y être nommés, en général comme dirigeant, dès que leur mandat politique sera terminé, c’est ce qu’on appelle le “pantouflage”.

TotalEnergies est un des meilleurs exemples de l’incohérence politique : la première multinationale de l’énergie en France, est la pire en matière d’émissions de gaz à effet de serre. “Elle fait partie des vingt entreprises qui ont le plus contribué au réchauffement climatique actuel. Elle n’a cessé de freiner et retarder les politiques climatiques les plus ambitieuses, y compris en dissimulant depuis 1971 les effets «potentiellement catastrophiques» de ses activités sur le climat. Encore aujourd’hui, plus de 70% de ses investissements concernent le pétrole et le gaz. Elle s’apprête ainsi à ouvrir l’équivalent de 18 centrales à charbon rien qu’avec les projets pétro-gaziers qu’elle a dans les cartons d’ici à 2025, alors que l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ont montré qu’il ne fallait plus investir dans de nouveaux projets gaziers ou pétroliers. Il faut impérativement que TotalEnergies arrête d’agir ainsi”3. Cette entreprise, soutenue par nos gouvernants pour doper leur croissance, a multiplié par 2 ses dividendes versées en un an, malgré une perte financière colossale. C’est la 1e entreprise du CAC 40 en capitalisation boursière.

Nos gouvernants veulent doper la croissance, mais quelle croissance ? Celle qui nous permet de nous déplacer toujours plus (et donc d’utiliser toujours plus d’énergie fossile) avec nos voitures, camions, avions, bateaux ? celle qui veut nous maintenir tou.tes dans toujours plus de confort et toujours plus de consommation ? Celle qui rend tous les jeunes et moins jeunes accrochés à leur smartphone en permanence ? celle qui a transformé nos paysans en ouvriers épandeurs de pesticides ?

NON nous ne voulons pas de ce système. Contrairement à ses promesses, il rend cette terre de plus en plus inhabitable. Il faut s’en échapper pour assurer une vie digne à nos enfants et petits enfants.

Vivre sur cette terre et la sauvegarder, avec tous les êtres vivants humains et non humains, nécessite des changements radicaux de modes de vie, à commencer par prendre soin de tout le vivant qui nous entoure, revenir à nos besoins essentiels et développer l’autonomie autant que possible.

[jacqueline]

2 À noter que le numérique est le secteur qui a le plus bénéficié d’aides publiques pendant la pandémie, sans aucune condition climatique

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