De quoi le pass est-il le nom ?

En pandémie, il est nécessaire de prendre des mesures qui peuvent sembler contraignantes. Mais en premier lieu, les pouvoirs publics doivent assurer la protection de toutes et tous en mettant en place une stratégie cohérente faisant appel aux compétences et à la responsabilité de tout un chacun. Or, depuis le début, la gestion est chaotique, incompréhensible et comme beaucoup le disent, infantilisante.

Ne revenons pas en détail sur les points suivants que nous avons déjà évoqués amplement dans nos précédents numéros : L’absence de masques et de tests qui un coup ne servaient à rien puis sont devenus indispensables ; le manque de suivi des cas d’infection parce que le personnel n’a jamais été recruté pour le faire (qu’est devenue la fameuse limite des 5000 infectés qu’il ne fallait pas dépasser ?) ; l’hôpital public exsangue et le déficit de soins pourvus aux malades à domicile (combien sont morts parce qu’ils n’ont pas été pris en charge, on se souvient du fameux : « restez à la maison et prenez du doliprane ») .

N’insistons pas non plus sur le fait que Macron – qui décide tout seul – n’a pas voulu de confinement fin janvier 2021 mais a quand même du s’y résoudre début avril au prix de 14 000 morts. Si d’autres mesures avaient été prises ou reconduites, peut être qu’encore plus de décès, de cas graves et le confinement auraient pu être évités.

Mais qu’importe le passé ! N’avons nous pas depuis le fameux discours de Macron le 12 juillet enfin la solution ? La vaccination pour toutes et tous au dessus de 12 ans. Que nous importent les contradictions dans l’approche du gouvernement : Pendant des mois, on nous rabâchait qu’il ne fallait pas infantiliser les gens et multiplier les restrictions, qu’il fallait vivre (et donc mourir) avec le virus, aujourd’hui, la vaccination est quasi-imposée et il faut montrer patte blanche pour retrouver l’illusion d’une normalité.

Quelles que soient les demi-vérités qu’on nous assène sur la protection vaccinale, la contagiosité, l’immunité collective, etc., l’establishment et une bonne partie de la population s’imaginent en sécurité grâce à la vaccination. Le pass sanitaire imposé au prix d’un contrôle strict de la population ne serait que le moindre mal face à la liberté recouvrée.

Il ne s’agit pas ici de s’opposer à la vaccination mais de montrer qu’encore et toujours nous sommes confrontés à un autoritarisme qui nous impose sa solution du moment sans hésiter à sanctionner. La gestion policière de l’épidémie depuis les premiers mois (contrôle des autorisations de sortie, couvre-feux) perdure et s’appuie aujourd’hui sur des supplétifs civils dans les vérifications du pass.

Cette dérive est d’autant plus à prendre au sérieux que la servitude volontaire à produire aujourd’hui son autorisation pour par exemple aller au restaurant risque de tendre vers une acceptation progressive d’une surveillance plus intrusive demain. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) alerte sur « le risque d’accoutumance et de banalisation de tels dispositifs attentatoires à la vie privée et de glissement, à l’avenir, et potentiellement pour d’autres considérations, vers une société où de tels contrôles deviendraient la norme et non l’exception »1

On nous rétorquera que nous sommes déjà traqués par le biais de nos cartes bancaires, de nos téléphones portables, les caméras, les drones, sans oublier l’internet où nous laissons des traces qui permettent le profilage de nos activités et de notre personnalité. Alors pourquoi s’ériger contre le pass, qui ne livre que peu d’informations et surtout ne serait pas destiné à durer ?

Le pass sanitaire introduit des dimensions supplémentaires dans la régulation de l’espace public. Il permet le contrôle physique avec des moyens technologiques de la quasi entière population, ce qui représente un saut qualificatif dans la gestion de celle-ci. Le contrôle nécessite également de fournir une pièce d’identité ce qui exclut d’emblée certaines catégories de personnes, notamment des sans-papiers.

La vérification du pass n’incombe pas seulement à des personnels habilités mais à des « contrôleurs » qui subitement acquièrent un pouvoir duquel ils peuvent abuser ou qui leur permet d’obtenir des informations sur notre identité. Ainsi un jeune ayant voulu boire une bière dans un bistrot en a été interdit, le serveur ayant constaté qu’il n’avait pas 18 ans.

Moins anecdotique est la possibilité pour des personnes malintentionnées d’accéder facilement aux données personnelles intégrées aux QR Code, c’est à dire de savoir si une personne a été vaccinée une fois ou deux donc si elle a déjà contracté la maladie ou dans le cas d’un test d’apprendre qu’elle n’a pas été vaccinée. Le produit injecté est également signalé, ce qui pourrait, au moment de la remise en question de l’un d’entre eux – comme c’est le cas pour le vaccin Janssen actuellement – entraîner une nouvelle exclusion.

A l’origine, l’introduction du pass ne devait servir qu’à des évènements réunissant plus de 1000 personnes. Aujourd’hui il est exigé jusque dans les hôpitaux pour une consultation médicale. Qui nous dit qu’il ne sera pas adopté à long terme et inclura de nouvelles informations ? Une fois accepté plus largement pourquoi ne pas prévoir son extension ?

En présentant cet outil comme un moyen de protéger de la maladie et de juguler la pandémie, de nouvelles formes de contrainte et de dépendance sont introduites à grande échelle. La technologie génétique (les autres vaccins sont délaissés) d’une part et la technologie numérique de l’autre nous promettraient le salut.

Or un changement de paradigme est urgent. Rares sont les faiseurs d’opinions qui s’intéressent aux origines des nouvelles pandémies et aux moyens de les éviter. Il faudrait pour cela développer une stratégie de préservation de l’humain et de l’environnement qui remette sérieusement en question les modes de production actuels.

PS : Voilà que Macron – encore lui – laisse entrevoir la possibilité d’alléger le pass sanitaire. Une nouvelle fois, on est en droit de s’interroger sur la stratégie du « monarque ». Quelle violence à l’égard de ces soignantes et ces pompiers pour lesquels les sanctions sont tombées à partir de 15 septembre !

[Tissa]

1https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043915894

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