Article paru dans l’Épisode cévenol numéro 19.
Comme lors de chaque période de crise où d’incertitude politique, les propos haineux et discriminants, propres aux courants identitaires et d’extrême droite, ressurgissent opportunément. Les Cévennes, comme le reste du territoire, ne sont malheureusement pas épargnées.
Samedi 20 mars, la librairie La Plume Noire à Lyon a été la cible en plein après-midi d’une attaque par une quarantaine de militants d’extrême droite qui ont brisé les vitrines et tenté de s’introduire dans les locaux. Ce lieu est non seulement un local anarchiste mais il accueille aussi des personnes qui agissent pour l’entraide des plus démunis, qui se battent pour l’écologie sociale : c’est donc une agression directe de personnes investies au service de la population, pour son émancipation.
Jeudi 25 mars, en pleine réunion du conseil régional d’Occitanie, un groupe d’Action Française a tenté de déployer une banderole ciblant « l’islamo-gauchisme », faisant ainsi écho aux propos de la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche (celle qui voulait mandater une étude par le CNRS sur la présumée infestation des universités par cette pseudo alliance).
Enhardis par des opérations de « contrôle des frontières » dans les Alpes et en Méditerranée réalisées avec la neutralité bienveillante des États, ces serviteurs du Pouvoir ne se contentent plus de menacer de jeunes squatteurs à l’Hôtel des Cévennes ou d’agresser des personnes présumées étrangères à Sumène dans le Gard…
Le combat contre l’extrême-droite est nécessaire, mais ce serait une erreur de penser le gagner en allant sur leur terrain, celui de la violence, du rejet et de l’intolérance. Nous ne le gagnerons pas tout seuls non plus, mais avec le positionnement et la participation du plus grand nombre, y compris au travers des représentations publiques (qui sont actuellement si discrètes voir complaisantes envers ces auxiliaires des « forces de l’ordre »).
Lors de sa réunion mensuelle, l’intercollectif Cévennes Méditerranée (regroupant des associations d’accompagnement de personnes migrantes) a dénoncé tous ces actes inacceptables et s’engage à agir auprès des communes et collectivités territoriales pour les inviter à signer la charte de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants (ANVITA https://villes-territoires-accueillants.fr/) qui se positionne en faveur d’un accueil digne et inconditionnel des migrants. Une position exemplaire, qui permet à la population de s’ancrer dans la bienveillance et ne pas laisser de place aux propos haineux et discriminatoires, que ce soit pour les personnes étrangères, différentes ou pauvres.
A chacun donc de se prononcer !
[R.]